Archives for mai 2008

“Puiser avec joie aux sources du salut…”

Réflexion du Père Thomas Rosica, c.s.b., à l’occasion de la fête du Sacré-Coeur de Jésus

Le mois de juin est traditionnellement pour les catholiques le « mois du Sacré Coeur ».  Faisons un « pèlerinage aux sources » de cette tradition, à Paray le Monial, en France, lieu des révélations du Coeur du Christ à sainte Marguerite Marie Alacoque au XVIIe siècle. C’est en effet dans cette petite ville de Bourgogne que le Christ est apparu à Sainte Marguerite-Marie (1647-1690), religieuse de la Visitation, et lui a révélé l’amour miséricordieux de son Coeur pour les hommes. 

Le siècle de Marguerite-Marie est celui de l’éclatement de l’hérésie janséniste condamnée au siècle suivant.  Cette hérésie présente volontiers un Dieu terrible et sévère en opposition au Dieu d’Amour et de Miséricorde. Le message d’amour du Coeur de Jésus arrive donc à point nommé, il aura d’ailleurs un autre apôtre, dans le même siècle, en la personne de Saint Jean-Eudes.  Marguerite-Marie rentre donc chez les visitandines de Paray-le-Monial, c’est là que le Seigneur lui fait savoir son désir de faire connaître au plus grand nombre l’amour de son Coeur. 

Jésus lui apparaît de nombreuses fois, alors qu’elle était en prière devant le Saint-Sacrement. L’essentiel de son message est regroupé dans trois de ces révélations.  Peu à peu, le «message du Coeur de Jésus » a touché l’ensemble du monde chrétien, et a donné naissance, à partir de 1873, à de grands pèlerinages qui se poursuivent aujourd’hui. 

Ce Message « « Je vous donnerai un coeur nouveau » avait été annoncé par le prophète Ezéchiel. Ces paroles résonnent à Paray le Monial avec force. Celui qui est venu pour révéler son Coeur transpercé est Celui-là même en qui tous peuvent venir puiser à la source de la miséricorde :  «Venus à Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté, et il sortit aussitôt du sang et de l’eau. Celui qui a vu rendra témoignage- son témoignage est véritable et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi, vous croyiez. » (Jean 19,33-35) 

A Paray-le-Monial, Jésus-Christ se fait plus proche. La vie de l’homme croyant, tourné vers Dieu le Père, guidé par l’Esprit-Saint, retrouve ici la joie d’une réconciliation profonde avec Dieu, son prochain et lui-même.  Lorsque nous parlons du Sacré Coeur de Jésus, nous parlons d’une rencontre du Cœur transpercé pour nous d’où jaillissent l’eau et le sang. 

C’est l’amour rédempteur, qui est à l’origine du salut, de notre salut, qui est à l’origine de l’Église.  Parler du Sacré Coeur de Jésus c’est contempler l’amour du Seigneur Jésus: sa bonté compatissante pour tous durant sa vie terrestre; son amour de prédilection pour les petits, les malades, les affligés.  C’est contempler son cœur brûlant d’amour pour son Père, dans la plénitude du Saint-Esprit. C’est contempler son amour infini, celui du Fils éternel, qui nous conduit jusqu’au mystère même de Dieu. 

Encore aujourd’hui, le Christ vivant nous aime et nous présente son cœur comme la source de notre rédemption. A chaque instant, nous sommes enveloppés, le monde entier est enveloppé, dans l’amour de ce cœur “qui a tant aimé les hommes et qui en est si peu aimé”.  Ce mystère de l’amour du Christ, nous ne sommes pas appelés à le méditer et à le contempler seulement; nous sommes appelés à y prendre part. C’est le mystère de la Sainte Eucharistie, centre de notre foi, centre du culte que nous rendons à l’amour miséricordieux du Christ manifesté dans son Sacré-Cœur. 

Dans la sainte Eucharistie, nous célébrons la présence toujours nouvelle et active de l’unique sacrifice de la Croix dans lequel la Rédemption est un événement éternellement présent, indissolublement lié à l’intercession même du Sauveur.  Dans la sainte Eucharistie, nous communions au Christ lui-même, unique prêtre et unique hostie, qui nous entraîne dans le mouvement de son offrande et de son adoration, Lui qui est la source de toute grâce. 

Dans la sainte Eucharistie – c’est aussi le sens de l’adoration perpétuelle – nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute efficacité apostolique: “Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes”. 

Vivons de ce message qui, de l’Évangile de saint Jean à Paray-le-Monial, nous appelle à entrer dans son mystère. Puissions-nous tous “puiser avec joie aux sources du salut”, celles qui découlent de l’amour du Seigneur, mort et ressuscité pour nous.

Le monde vu de Rome

Si vous êtes des lecteurs de ce blogue, vous suivez probablement de près l’actualité catholique sur le web et à travers diverses publications. L’un des sites les plus lus est certainement celui de Zenit. Le directeur et fondateur de cette agence, un laïc d’origine espagnole, participe à la convention de la presse catholique nord-américaine cette semaine. Jesús Colina a accordé une entrevue à Zoom mercredi et raconte l’histoire de la création de Zenit et des raisons qui ont poussées à sa création. Il nous parle également du don de communicateur du pape Benoît XVI – Zoom prolongé pour l’occasion.

Porter le Message par tous les moyens…

Beaucoup d’activités à Toronto qui accueille cette semaine la Convention de la presse catholique nord-américaine jusqu’à vendredi. Plus de 400 journalistes, surtout anglophones, réfléchiront ensemble sur le thème de cette année: Proclaim it from the rooftop! (Annoncez-le sur tous les toits! – traduction libre). L’un des conférenciers invités est le père Federico Lombardi, s.j., porte-parole du Saint-Père, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, de la radio et de la télé vaticanes. Qui de mieux pour réfléchir sur l’annonce du Message que tout chrétien catholique est invité à proclamer. Le message de l’Église est important, riche et porteur de vie. Qu’en est-il de la manière de porter ce message au monde? C’est ce dont le père Lombardi nous parle dans l’édition de Zoom du 27 mai.

Demain, la Dre Margaret Somerville de l’Université McGill prononcera la conférence d’ouverture de ce congrès. Le cardinal John Foley, ancien président du Conseil pontifical pour les communications sociales, de même que son successeur, Mgr Claudio Celli partageront également leurs réflexions avec les délégués. Le cardinal Marc Ouellet prononcera une conférence vendredi matin et abordera le thème de l’évangélisation et des médias.

Zoom fera un compte-rendu quotidien des activités et présentera des entrevues en français avec des délégués et invités de ce congrès qui se tient enfin au nord de la frontière… 

Dieu seul sait…

par Sébastien Lacroix 

« Dieu seul sait les prières qu’elle a reçues. Dieu seul sait combien de personnes elle a mis en route vers le 49e Congrès eucharistique international. » Ces mots du cardinal Marc Ouellet résume bien les dizaines de milliers de kilomètres parcourus par l’Arche de la Nouvelle Alliance depuis le 11 mai 2006, lorsque Benoît XVI l’avait bénie. Avec leur archevêque, ils étaient nombreux pour accueillir l’Arche à la Cathédrale de Québec, avec les portageurs qui l’ont portée depuis Midland en Ontario.

Il faisait froid le 23 mars dernier, jour de Pâques, pour le départ des portageurs pour un périple de 64 jours, un parcours de plus de 1000km. Il y avait une simplicité touchante à ce pèlerinage, un dépouillement qui m’a un peu déstabilisé au début. La poignée de missionnaires – car c’est bien ce qu’ils étaient: des gens en mission – continuaient d’avancer, malgré la pluie, la neige et parfois la solitude…

Seule la foi peut permettre à quelqu’un de s’engager dans une telle aventure. Et il ne fallait qu’un Jerry, maître portageur de l’Arche, pour organiser une telle marche à travers 2 provinces. Félicitations vieux frère et merci, à toi et à tes amis qui avez traversé les obstacles et les souffrances et nous avez montré que la foi est une aventure qui en vaut la peine.

“Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre”

Réflexion pour la Fête-Dieu
Par le père Thomas Rosica, c.s.b.

Un élément fondamental de l’identité chrétienne: telle est l’Eucharistie du dimanche et telle est la profession de foi proclamée par 49 martyrs d’Abitène dans l’année 303 ap J.C).  Abitène était une ville de la province romaine appelée «Africa proconsularis», correspondant à la Tunisie actuelle.  En 303 ap J.C., l’empereur Dioclétien, après des années d’un calme relatif, lança une violente persécution contre les chrétiens.

Il ordonna «que soient recherchés les textes sacrés et les saints testaments du Seigneur ainsi que les Ecritures divines, et que ceux-ci soient brûlés; que soient détruites les basiliques du Seigneur; que soient interdites les célébrations des rites sacrés et les très saintes réunions au nom du Seigneur» (Actes des martyrs, 1).

A Abitène, un groupe de 49 chrétiens (parmi lesquels un sénateur, Dative, un prêtre, Saturnin, une vierge, Victoire et un lecteur, Eméritus) se réunissaient chaque semaine dans la maison d’un des leurs pour célébrer l’Eucharistie dominicale, sans respecter les ordres de l’empereur.

Surpris lors de l’une de leurs rencontres dans la maison d’Octave Félix, ils furent arrêtés et conduits à Carthagène devant le proconsul Anulinus pour être interrogés.

Au proconsul qui leur demandait s’ils possédaient chez eux des Ecritures, les martyrs confessèrent avec courage qu’ils les conservaient «dans leur cœur», révélant ne vouloir en aucune manière séparer la foi de la vie.

«Je t’en supplie, O Christ, exauce-moi », «Je te rends grâce, O Dieu», «Je t’en prie, O Christ, aie miséricorde» sont les exclamations qui fusèrent de la bouche des martyrs lors de leur supplice.  Leur prière accompagna l’offrande de leur vie unie à la demande de pardon pour les bourreaux.

Parmi les témoignages recueillis, voici celui d’Eméritus, qui affirma sans crainte avoir donné l’hospitalité aux chrétiens pour les célébrations.

Le proconsul lui demanda : «Pourquoi as-tu accueilli des chrétiens dans ta maison, contrevenant ainsi aux dispositions impériales? Eméritus répondit:  «Sine dominico non possumus» («Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre»).

«Le terme dominicum contient une triple signification.  Il renvoie également, dans le même temps, à ce qui en constitue le contenu: à Sa résurrection et à Sa présence dans l’événement eucharistique ».

Le motif du martyre ne doit pas être recherché dans la seule observance d’un ‘précepte’,
puisqu’en ce temps-là, l’Eglise n’avait pas encore établi de manière formelle le précepte festif.  Au fond, il existait la conviction que l’Eucharistie du dimanche est un élément constitutif de l’identité chrétienne et qu’il n’y a pas de vie chrétienne sans le dimanche et sans l’Eucharistie.

Voilà ce qui ressort «avec clarté du commentaire que le rédacteur des ‘Actes’ fit à la question posée par le proconsul au martyr Félix:

‘Je ne te demande pas si tu es chrétien, mais si tu as participé à l’assemblée ou si tu possèdes quelques livres sur les Ecritures’ ».

«Combien est sotte et ridicule cette question du juge! peut-on lire dans le commentaire des ‘Actes’. Comme si un chrétien pouvait vivre sans la Pâque dominicale, ou si la Pâque dominicale pouvait être célébrée sans la présence d’un chrétien!

Ne le sais-tu pas, Satan, que c’est la Pâque dominicale qui fait le chrétien et que c’est le chrétien qui fait la Pâque dominicale, voilà pourquoi l’un ne peut vivre sans l’autre, et inversement? ».

«Quand tu entends dire ‘chrétien’, tu dois savoir qu’il s’agit d’une assemblée qui célèbre le Seigneur; et quand tu entends dire ‘assemblée’, sache que là est le chrétien », conclut la citation.

Quels mots d’encouragement et quel exemple profond pour nous tous en cette fin de semaine où nous fêtons notre profonde identité en tant que Corps et Sang du Christ!  Puissions nous mettre en pratique l’exemple des Martyrs d’Abitène.  Que nous puissions nous exclamer avec Dative, Saturnin, Victoire et Eméritus:

«Sine dominico non possumus»
«Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre.»

Fortifiés et encouragés par le témoignage de ces martyrs, puissions nous devenir ce que nous recevons dans ce grand sacrement de l’Eucharistie.

La Trinité met à l’épreuve notre désir secret de connaître la plénitude de Dieu.

par le père Thomas Rosica, c.s.b.

La Fête de la Sainte Trinité nous rappelle un profond mystère : à la fois l’indicible réalité de Dieu et la manière dans laquelle ce mystère nous a été donné. C’est le seul jour de l’année où nous sommes appelés à réfléchir sur l’enseignement de l’Eglise plutôt que sur l’enseignement de Jésus.

Bien que le mystère d’un Dieu unique en trois personnes soit le coeur de la croyance du christianisme, beaucoup d’entre nous ont des difficultés pour expliquer cet enseignement fondamental, Les chrétiens monothéistes font le grand écart en essayant de démontrer qu’une telle croyance ne les rend pas polythéistes.

Au sein de nos communautés chrétiennes, le dogme de la Trinité est qualifié, ces temps-ci, de mille manières, sauf d’incroyable ou extraordinaire. Certains le trouvent archaïque, dépassé ou patriarcal. D’autres, croyant que ces formulations anciennes ne nous sont plus utiles aujourd’hui, ont complètement abandonné le langage trinitaire pour quelque chose de beaucoup moins compliqué.

D’autres encore ont choisi un seul membre de la Trinité. Quelques-uns, conscients du fait que la Trinité n’est exprimée qu’en termes masculins : Père, Fils et Saint Esprit, ont travaillé pour changer de formulation.

Un certain nombre a choisi d’ignorer la relation Père-Fils. D’autres vont jusqu’à vouloir éliminer l’ancien langage de la foi. A l’origine, le dogme de la Trinité a été formulé pour donner des mots à notre foi. Les premiers chrétiens vivaient dans un monde hostile ; ils ont eu besoin d’élaborer leur foi au Christ qui s’était révélé, de même, aujourd’hui nous avons besoin d’un langage exprimant notre foi commune, dans un monde de plus en plus hostile au christianisme.

La Trinité nous garde de la tentation d’adorer un dieu à une seule dimension. La vision de Dieu dans la Trinité nous ouvre à un Dieu qui est plus que le Créateur qui a fait le monde à un moment de l’histoire, et qui ensuite l’a laissé aller son chemin. Nous n’adorons pas un concept, mais une personne qui continue de nous créer et qui travaille en nous.

Nous ne pouvons pas expliquer la totalité du mystère parce que cela reste très mystérieux. Mais, chaque jour nous devons dire dans un langage articulé de croyant ce que Dieu a fait en nous, ce qu’il est en train de faire et les promesses qu’il accomplira.

Un mystère dévoilé n’est plus un mystère. Le dieu de la Trinité met à l’épreuve notre désir secret de connaitre la plénitude de Dieu et d’éliminer tout mystère. C’est le Péché du jardin de la Genèse qui a provoqué la disgrâce. Je pense souvent que le désir de dissiper le mystère brûle toujours au plus profond de nous-mêmes.

Dieu est communication entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. La Trinité célèbre la paix et l’unité des trois personnes divines en dansant joyeusement une ronde d’amour, dans une relation éternelle les uns avec les autres. La Trinité, un seul Dieu en trois personnes ne peut pas être entièrement expliquée par des concepts humains.

Dieu trouve son délice dans les personnes qu’il a façonnées de sa main. Alors que nous célébrons cette fête mystérieuse de la Sainte Trinité, remercions Dieu pour l’infinie diversité des manifestations de son amour entre ses trois personnes, qui se reflète dans nos familles et nos paroisses

Bien que nous ayons du mal à comprendre la signification de la Sainte Trinité, chaque jour nous nous marquons du signe de la Croix. Ces paroles prononcées pour la première fois à notre baptême deviennent des paroles de bénédiction. C’est en elles que se trouve le sens d’un seul Dieu en trois personnes.

Gloire à toi, Trinité Sainte,
Splendeur sans cesse nouvelle jusqu’à la fin des temps
Nous t’adorons, nous te louons, nous te rendons grâces
Parce que tu as révélé la profondeur de ton mystère
Aux plus humbles, aux plus petits.

Accorde nous de marcher dans la foi et l’espérance joyeuse
Jusqu’au jour où nous vivrons dans la plénitude de ton amour
et de la contemplation éternelle
de ce que nous croyons maintenant, ici-bas.
A toi Dieu qui est Père, Fils et Esprit ! Amen

Une prière pour les catholiques de Chine

Voici la prière composé par Benoît XVI pour Notre Dame de Sheshan (Chine), pour la Journée de prière pour l’Eglise en Chine (24 mai). Dans la Lettre aux catholiques de la République populaire de Chine de mai 2007, le Pape avait dit son voeu de voir la fête de Marie, Auxiliatrice des chrétiens, qui est vénérée près de Shangaï, devenir une journée de prière pour l’Eglise en Chine:

« Vierge très sainte, Mère du Verbe incarné et notre Mère, vénérée dans le sanctuaire de Sheshan sous le vocable d’Auxiliatrice des Chrétiens, Toi vers qui toute l’Eglise qui est en Chine regarde avec une profonde affection, nous venons aujourd’hui devant toi pour implorer ta protection. Tourne ton regard vers le peuple de Dieu et guide-le avec une sollicitude maternelle sur les chemins de la vérité et de l’amour, afin qu’il soit en toute circonstance un ferment de cohabitation harmonieuse entre tous les citoyens.

Par ton oui docile prononcé à Nazareth, tu as permis au Fils éternel de Dieu de prendre chair dans ton sein virginal et d’engager ainsi dans l’histoire l’ouvre de la Rédemption, à laquelle tu as coopéré par la suite avec un dévouement empressé, acceptant que l’épée de douleur transperce ton âme, jusqu’à l’heure suprême de la Croix, quand, sur le Calvaire, tu restas debout auprès de ton Fils, qui mourait pour que l’homme vive.

Depuis lors, tu es devenue, de manière nouvelle, Mère de tous ceux qui accueillent dans la foi ton Fils Jésus et qui acceptent de le suivre en prenant sa Croix sur leurs épaules. Mère de l’espérance, qui, dans l’obscurité du Samedi Saint, avec une confiance inébranlable, est allée au devant du matin de Pâques, donne à tes fils la capacité de discerner en toute situation, même la plus obscure, les signes de la présence aimante de Dieu.

Notre-Dame de Sheshan, soutiens l’engagement de tous ceux qui, en Chine, au milieu des difficultés quotidiennes, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu’ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus. Dans la statue qui domine le sanctuaire, tu élèves ton Fils, le présentant au monde avec les bras grands ouverts en un geste d’amour. Aide les catholiques à être toujours des témoins crédibles de cet amour, les maintenant unis au roc qui est Pierre, sur lequel est construite l’Eglise. Mère de la Chine et de l’Asie, prie pour nous maintenant et toujours. Amen! ». 

source: VIS 

Célébrer la famille

La Semaine québécoise des familles se déroule cette année du 12 au 18 mai, sous le thème Au fil du temps…  parent et fier de l’être! En faisant appel à un jeune père de famille et théologien, Rodolfo Felices Luna, professeur associé à la Faculté de théologie, d’éthique et de philosophie, Université de Sherbrooke, la Table provinciale de pastorale familiale en collaboration avec le Comité du laïcat de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec profite de l’occasion pour publier un message plein d’espérance pour les familles du Québec.

« Moi, le Bon Berger, je suis venu pour que les familles aient la vie en abondance. »
Inspiré de Jean 10, 10

La vie familiale est source de grandes joies, comme la naissance de l’enfant tant espéré, les premiers mots et les premiers pas d’un tout-petit, la promotion obtenue par un parent à son travail, l’entrée à l’école de la grande sœur, la retraite bien méritée des grands-parents ou le championnat remporté par le frère le plus sportif. La foi chrétienne tient à cœur le bonheur des familles. Ce n’est pas un hasard si Noël est une grande fête familiale. La naissance de l’enfant Jésus et le bonheur qu’il nous apporte suffisent parfois à réunir même les familles éprouvées par une dispute, une séparation, un deuil. Croire en Jésus qui vient au monde au sein d’une famille, c’est croire aux familles, à toutes les familles!

La vie familiale pose aussi des défis à chacun de ses membres. La cohabitation est le premier et non le moindre. Tous sous un même toit, ça cause parfois des flammèches. En famille, nous apprenons à nous épanouir comme individus, mais nous apprenons aussi l’art de la vie commune, avec son lot de frustrations et de compromis nécessaires. À chacun sa brosse à dents, mais les jouets, la voiture et les tâches à la maison doivent être partagées. La famille est notre première école, notre première église, notre premier monde. En famille, les mots «je t’aime» se traduisent dans le quotidien par des milliers de gestes d’écoute, de compassion, d’entraide, de partage et de don. Nous grandissons comme personnes grâce à nos familles, en relevant ensemble des défis avec fierté!

Grandir est exaltant, mais cela requiert des efforts. Le tout-petit qui apprend à marcher se cogne partout. La mignonne qui tente de se faire comprendre est vite frustrée des limites temporaires de son langage. Les parents aussi sont appelés à grandir à coup d’efforts. L’arrivée des enfants bouscule la vie des couples. La reprise de la vie quotidienne après une naissance exige des réaménagements auxquels on n’est pas toujours heureux de consentir. Après l’arrivée de bébé, le grand frère ou la grande sœur doit lui ménager une place. L’entrée à l’école est source de fierté pour les parents, mais elle leur cause aussi bien de nouveaux soucis : la sécurité et le bien-être de leurs jeunes à l’école, les relations avec leurs amis, l’aide aux devoirs, les activités parascolaires… L’école des parents – et des grands-parents – c’est la famille ! Le métier s’apprend à même la vie familiale, une vie à laquelle on n’est jamais «préparé» une fois pour toutes, car la vie, ça change de jour en jour, de saison en saison, d’un âge à l’autre. Ensemble, nous franchissons des passages pleins de vie, au fil du temps…

La vie réserve aussi des durs coups aux familles. Toutes en ont, un jour ou l’autre de leur existence. Cela peut être un problème de fertilité, un déménagement forcé, une perte d’emploi, une séparation, une maladie grave, un accident, un décès… Et tous les efforts des parents et des enfants pour s’adapter à la vie commune se trouvent comme anéantis presque par ces malheureux imprévus. Seul l’amour que les membres d’une famille ont les uns pour les autres peut les aider à surmonter ces difficultés et à voir jaillir la lumière au bout du tunnel. L’amour de famille, voilà ce qui permet de se relever et de marcher à nouveau vers le bonheur. Ensemble, on est plus fort pour garder l’espérance!

En Église, la grande famille de Jésus, nous croyons que Dieu nous a destinés au bonheur. Nous croyons que notre grand frère Jésus nous a montré par sa vie le chemin qui mène au véritable bonheur, durable, fort, permanent. Ce bonheur ne s’obtient pas en fuyant les épreuves de la vie, ni en les niant, ou en les contournant. Ce bonheur, nous pouvons l’atteindre en faisant face aux écueils et aux défis que la vie nous réserve, avec fierté, en transformant ces écueils et ces défis en autant de «passages» vers une vie plus abondante. La nuit où les Hébreux traversèrent la mer des Roseaux, ce fut un «passage» éprouvant de l’esclavage en Égypte vers la liberté en Terre promise. Le jour où Jésus mourut sur une croix, ce fut un «passage» difficile pour les disciples, du désespoir à l’espérance. Ces deux passages sont la Pâque juive et la Pâque chrétienne, respectivement. Notre foi nous appelle à vivre les culs-de-sac de nos existences comme autant de tremplins vers une vie nouvelle. Pour cela, il faut relever la tête, regarder droit devant et faire confiance au Dieu de la vie. Ne nous laissons pas emporter par le découragement ! Le Dieu de la vie, c’est le Dieu des familles !

Ce Dieu de la vie nous fait confiance à nous, ses enfants. Il a remis le monde entre les mains des familles, pour que le monde connaisse des lendemains heureux. Même à travers les maux inévitables, Dieu nous invite à construire un monde meilleur, en faisant de ces maux des lieux de rencontre, de pardon, d’espérance, comme la croix de Jésus. Si Dieu croit aux familles, pourquoi douter de nos rêves ?

La plus profonde assurance que l’Esprit est présent…

par le père Thomas Rosica, c.s.b.

Dans la lumière de la fête de la Pentecôte, nous pourrions méditer aujourd’hui sur le rôle du Saint Esprit dans notre vie et dans la vie de l’Eglise.  Le Saint Esprit rend l’expérience chrétienne vraiment catholique et universelle, ouverte à toute expérience humaine, pleine de l’humour de Dieu. 

Tout le Nouveau Testament peut se comprendre précisément comme l’émergence de la notion de catholique et d’universel dans la vie chrétienne.  La chrétienté, si elle n’avait pas évolué du particulier et du petit, aurait été seulement une petite modification de l’expérience juive, un  sous-ensembe d’une piété juive qui misait dans la restauration du royaume originel d’Israël et de Jérusalem.

Les deux premières générations de chrétiens ont découvert que la chrétienté ne peut pas être juste cela.  Parce qu’elles avaient reçu le Saint Esprit, principe universel, elles ont ouvert leurs yeux à la portée universelle de la vérité chrétienne et elles l’ont fait par la rencontre des non Juifs qui ont reçu le Saint Esprit tout comme nous l’avons reçu.

Être catholique, c’est être universel et ouvert au monde, c’est-à-dire non seulement au Canada, en Amérique du Nord, à une seule partie du monde qui nous est familière ou à un secteur de la société, mais c’est être ouvert à toute personne, à tout pays.

Le Saint Esprit est universel: toujours à penser au-delà de nos frontières, les horizons de notre imagination.  Nous devenons une Église évangélisatrice remplie de l’Esprit, lorsque nous permettons à l’Esprit de nous combler de sa sainteté, de sa joie et de sa paix. 

Sous la mouvance de l’Esprit, la communauté peut oser rêver, espérer de grandes choses, avoir des visions et témoigner en paroles et en actions du pouvoir de l’Esprit, dont les fruits sont visibles dans les oeuvres de justice au milieu du monde. 

Quand nous sommes saisis par l’Esprit, que l’Esprit habite en nous, l’Esprit nous rend créatifs et imaginatifs. Cette imagination est la faculté à construire un avenir réaliste mais plus puissant. Un peuple proche de la mort, est un peuple qui a cessé de rêver et d’imaginer. 

Nous ne sommes pas les évangélisateurs principaux. C’est le Saint Esprit qui est le plus grand évangélisateur, Il a besoin d’instruments transparents, qui se sont vidés de leur propre programmation et se sont ouverts à l’oeuvre de Dieu.  Le Saint Esprit nous fait transcender toutes les impulsions tribales et égocentriques de notre temps comme la recherche de l’épanouissement de chaque personne humaine, pour découvrir la réalité du Christ. 

Quel est le plus profond et le plus sûr indice que L’Esprit est présent dans cet entre- temps des premiers fruits, suscitant l’espoir d’une récolte abondante encore à venir?  C’est la joie. Si la joie et l’humour sont présents, vous pouvez être assurés que le Saint Esprit a quelque chose à faire avec cette joie profonde et authentique. 

Saint Augustin, le plus passionné de musique des Pères de l’Église évoque mémorablement l’expérience de joie en la présence de l’Esprit en ces mots:

« Lorsqu’un peuple doit travailler fort, il commence par des chants dont les paroles expriment sa joie, mais quand la joie déborde, les paroles ne suffisent plus, alors il se laisse aller au pur son des chants. 

Quelle est cette jubilation?  Quel est ce chant triomphant? C’est la mélodie qui signifie que nos coeurs éclatent avec des sentiments indicibles. 

Et à qui, au juste, appartient cette jubilation?  Vraiment, c’est à Dieu qui est inexprimable, si les mots ne viennent pas, mais ne se taisent pas, que pouvez-vous faire d’autre, que de laisser la mélodie prendre son essor? C’est le chant de l’Esprit Saint ».

Entraînés sur le Chemin de Sa Beauté

Fête de l’Ascension
4 mai 2008

par le père Thomas Rosica, c.s.b.

 

Pour la fête de l’Ascension nous entendrons les paroles adressées par Jésus aux “hommes de Galilée” ;  ces derniers n’arrivent pas à détacher leur regard de la nuée qui cache Jésus en l’emportant ; les anges disent : «Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus reviendra comme cela, de la même manière, dont vous l’avez vu partir vers le ciel» (Ac 1, 11).

Cette promesse du retour de ce même Jésus, de la même manière, cette promesse confie à l’Église le soin de garder vivant le souvenir de sa Sainte Face, du visage de Celui qui, depuis, intercède pour nous auprès de son Père et notre Père. Cette promesse l’incite à confesser sa foi en l’avènement ultime du Seigneur.

Il y a ce visage unique, il y a ce Jésus que les apôtres ont connu, avec qui ils ont mangé et bu, qu’ils ont vu transfiguré et bafoué, rayonnant de la gloire divine du Tabor, et flagellé et couronné d’épines. C’est ce visage unique, de Jésus, fils de Marie, Fils de Dieu, qui s’est gravé dans la mémoire de Pierre. C’est le regard de Celui que Pierre venait de renier, et qui le regardait d’une façon que rien au monde n’a pu enlever de la mémoire et du cœur de Pierre.

J’ose vous proposer une conviction qui est une intuition dont je crois qu’elle se vérifie de mille manières : « Là où est le Christ, là est la beauté ». Là où les cœurs, les esprits, les vies s’ouvrent au Christ, c’est là que les sources de la beauté jaillissent et se déversent comme des flots vivifiants sur un monde avili par le péché, défiguré par la laideur du mal.

Tout d’abord contemplons ce qui est le plus beau dans la Splendeur du Christ : la Sainteté. Il n’y a pas d’évidence plus forte de la vérité et de la bonté à la fois humaine et divine du Christ que cette voie lactée, cette nuée lumineuse des saints et saintes innombrables que le Christ a entraînés à sa suite. Il n’y a rien de plus beau au monde que la Sainteté.   Le Christ, en suscitant par son Esprit, tant de sainteté, est aussi la source vive de tant de beauté artistique. Comment peut-on fermer les yeux devant cette évidence ?

Secured By miniOrange